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également importants, également actifs de la société, recevraient la même éducation et partageraient les mêmes travaux. Car, dit Platon, la vertu est commune aux hommes et aux femmes, et, la nature ayant départi aux unes et aux autres les mêmes facultés, il y a des femmes douées pour la musique et la médecine comme il y a des femmes propres à la garde de l’État.

Et, tirant dans les lois les conséquences des principes posés dans la République, il envisage un conseil de matrones chargées de délibérer sur les intérêts féminins. Ainsi, nul penseur n’a été plus catégorique que le créateur du mythe célèbre qui montre l’homme et la femme se complétant l’un l’autre parce que parties détachées de l’hermaphrodite primitif qu’un cataclysme sépare et dont l’amour à nouveau réalise l’unité.

Ces théories durent avoir auprès des femmes un grand succès, et d’autant plus que Sparte semblait les appliquer. Nous ne connaissons, il est vrai, aucune femme de lettres qui les ait faites siennes. Mais quand nous voyons, un siècle et demi avant Platon, la pythagoricienne Théano diriger l’école philosophique d’Élée, et sa disciple Phintys revendiquer pour les femmes le droit à la connaissance philosophique, principe de la vertu, quand nous nous remémorons la légende d’Agnodice qui, soutenue par toutes les femmes d’Athènes, obtint l’abrogation de la loi interdisant aux femmes l’exercice de l’art médical, nous sommes invinciblement amenés à conclure que la femme grecque aspira à mieux que son humble rôle de servante et qu’encouragée par les plus éminents philosophes, une élite féminine aspira à tenir sa place dans la cité.