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Socrate, recueilli par Platon, composa, pour les Athéniens tombés à Lachaeum, cette magnifique oraison funèbre que Périclès récita sur le Pnyx, et qui est à bon droit considérée comme l’un des plus beaux morceaux d’éloquence qu’ait jamais inspirés le sentiment patriotique à un homme d’État ?

Bien d’autres harangues lui sont dues, non moins hautes sans doute, qui ne nous sont pas parvenues… Mais la belle Milésienne fit mieux encore. Elle se lança dans la bataille des partis. Son salon politique, la Ligue des Femmes, où elle réunit les plus nobles Athéniennes pour, par leur influence, faire prévaloir au Sénat, à l’Aréopage et parmi les collèges de magistrats, les idées de Périclès, — si souvent les siennes propres, — contribuèrent puissamment à affermir l’autorité, à rendre plus éclatant le prestige de l’Olympien.

Le mouvement féministe à Athènes. — Ainsi la femme d’Athènes, enserrée par la loi de multiples entraves, avilie par les mœurs, peut aisément apercevoir l’injustice de son sort. Dans la cité rivale, les femmes ont, depuis des siècles, brisé les portes du gynécée, et le sévère Lycurgue lui-même n’a pu — n’a voulu même — les refermer. D’elles dépendent le gouvernement, la paix et la guerre. À Lesbos, Sapho fut une héroïne, par la grâce de Cypris et de Polymnie, égale des demi-dieux. Et à Athènes même, l’étrangère d’Ionie attache à son char, philosophes, rhéteurs, hommes d’État, et parmi eux le plus grand. D’autre part, ces courtisanes d’Athènes ont, nous venons de le voir, arraché par leurs exem-