Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/57

Cette page n’a pas encore été corrigée

eux, commande à ces hoplites qui font reculer le Mède et longtemps trembler la Grèce. En Asie Mineure, en Béotie, elle saisit la lyre élégiaque ou héroïque et, avec Sapho, atteint la gloire des demi-dieux.

À Athènes, tandis que la jeune fille, la femme mènent une vie de recluses, apparaissant seulement en public aux fêtes des Panathénées, parées de voiles blancs, escorte charmante du vaisseau symbolique dont la voile tissée et brodée de leurs mains sera le manteau de la déesse éponyme, la courtisane étrangère venue de la molle Ionie est reine et déesse. Elle a pour elle la hardiesse, la séduction de la femme d’Orient, les grâces du corps et le prestige de l’intelligence. Autant de Mme  de Pompadour, ces amies des hommes politiques d’Athènes, dont Démosthène disait qu’auprès d’elles l’homme cultivé cherchait le charme de la conversation, et dont le type parfait est Aspasie la Milésienne. Celle-ci, grâce à sa qualité d’étrangère et à la protection de Périclès, réalise presque, en pleine Athènes, l’éclatante destinée d’une Sapho. Douée d’une intelligence supérieure, d’une culture universelle, familière avec la pensée des philosophes et des poètes, elle fait de sa maison une académie. L’aristocratie d’Athènes vient chez elle s’initier à l’eurythmie des corps et à l’harmonie de la pensée. Avec Aspasie, Socrate apprend la rhétorique… et la danse. Alcibiade, Chérubin pour qui elle fut longtemps une indulgente comtesse Almaviva, est son élève pour l’éloquence et l’art raffiné de conduire les hommes. Périclès lui-même emprunta parfois la corde d’or de sa lyre. N’est-ce pas elle qui, au témoignage de