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tarque, avaient une telle autorité sur leurs maris que ceux-ci étaient forcés de leur donner le titre de maîtresses. Voilà qui rappelle les mœurs de nos Pélasges et de nos Ibères ! Et, au couchant de la monarchie spartiate, les citoyens réduits par les guerres à un nombre infime, les femmes Spartiates, au témoignage de tous les historiens, disposaient des terres et du gouvernement.

Propriétaires de la moitié environ du domaine national, dit Aristote, habituées comme chez tous les peuples guerriers, où l’homme quitte fréquemment et longtemps la maison, à une souveraine domination familiale, les femmes décident de toutes les affaires. Et quand les hommes paraissent décider, ce sont encore, ajoute-t-il, les femmes qui les dirigent. Depuis les temps héroïques, en effet, l’histoire nous montre maintes femmes Spartiates, simples citoyennes, épouses ou mères de rois dont les actes ont marqué, dont les paroles furent précieusement recueillies.

Comme les Doriens du Péloponèse, les Doriens de Crète conservent à leurs compagnes pouvoir et honneurs. Plus parfait qu’à Lacédémone, le communisme règne. Tous les citoyens donnent à l’État une partie de leurs revenus, et l’État assure leur nourriture. Des groupes d’hommes et de femmes sont constitués qui prennent leurs repas dans les maisons communes. Une femme, à la disposition de laquelle on a mis quatre ou cinq esclaves publics, est le fonctionnaire chargé de l’organisation de ces repas. À elle revient la présidence de la table. Elle distribue les meilleurs morceaux aux plus braves, rationne les jeunes gens et les jeunes filles et, à