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qui, pacifiquement ou par la force, imposèrent à l’Asie occidentale et à l’Afrique leurs coutumes et leurs lois.

Dès l’époque homérique, la femme compte à peine dans la famille et ne compte plus du tout dans la société. On sait avec quelle peu respectueuse brutalité Télémaque renvoie Pénélope à sa quenouille, lui refusant même le droit de s’occuper d’une question où, pourtant, elle est la première intéressée : son mariage. Hector ne parle guère mieux à sa tendre épouse.

On comprend que, dans une société où la femme obéit strictement à son mari, à son fils, tout rôle social se réduise à tramer comme Pénélope de belles tapisseries, ou à laver soigneusement le linge comme Nausicaa.

Pourtant les femmes grecques avaient, tout comme leurs sœurs d’Égypte ou de Chaldée, possédé peu de temps auparavant des droits politiques.

Témoin cette tradition recueillie par un auteur latin : avant Cécrops, le mythique fondateur de l’État athénien qui réunit la population de l’Attique en une même ville et inséra les femmes dans les liens matrimoniaux, tout le peuple, sans distinction de sexe, prenait part aux assemblées.

Vint la grande dispute entre Athènè et Poséidon, jaloux l’un et l’autre de donner leur nom à une cité que leur prescience divine savait glorieuse. Par solidarité de sexe sans doute, toutes les Athéniennes présentes à l’assemblée se prononcèrent pour la déesse aux yeux pers. L’unanimité de leur vote assurant la victoire d’Athènè, la ville fut nommée Athènes. Mais, pour désarmer la colère du dieu des