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LES AMAZONES 4“

nité et d’autorité. Ce principe, le père l’incarne. Et son triomphe doit tenir la femme attachée au foyer, exclure de la vie sociale. Que sont d’ailleurs les premières sociétés, les premiers gouvernements, sinon de grandes familles ? Qu’est-ce que le pouvoir du souverain, sinon la puissance paternelle ? La subordination sociale de la femme est l’inévitable conséquence de son assujettissement familial. Lois de Manou, lois de Moise, lois de Confucius, lois de Solon ou de Numa, telles sont les mailles du filet que l’orgueil masculin jettera sur le monde : bien peu de femmes échapperont. Libres à l’aurore souvent éclatante des civilisations, égyptienne, la Chaldéenne, l’Indoue, l’Européenne, nous apparaissent pendant presque toute leur histoire (et sauf à quelques rares époques où les mœurs commencent de leur rendre ce que leur enlevèrent les lois) comme des mineures et des esclaves. Comme le socialisme, pratiqué lui aussi aux premiers ages de l'humanité et, lui aussi, survivant chez les primitifs à l'heure où l'extrême civilisation le ramène parmi nous, le féminisme s’est si bien éclipsé que l'on oublia même son existence et que la subordination des femmes, comme la propriété individuelle, parut longtemps le fait primitif. D’ailleurs l’homme, comme tous les usurpateurs, prétendit justifier sa conquête par la loi naturelle, la fonder en droit. C’est parce qu’elle est faible de corps ‘et d’esprit que la femme doit obéir au mari, c’est parce qu’elle ne peut supporter les fatigues de la guerre, ni soutenir avec prudence et fermeté les

1. Chez certains peuples, la femme, subordonnée dans la famille, continue cependant à jouer un rôle dans la société.

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