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briser ? Chez tous les peuples qui habitent au nord du Caucase, au delà du Danube, et dans les steppes du Touran, le commandement féminin est d’usage. Les Saces, voisins de la Caspienne, sont, dans la langue sanscrite, « les peuples qui obéissent à une femme-roi ».

C’est en effet conduits par leur reine Sparethra, Sémiramis barbare, qu’ils marchent au combat contre les Grecs. Le Caucase qui, dit la légende, fut le théâtre des luttes héroïques des Amazones — et de leurs brèves amours — resta en effet de longs siècles un pays de farouches guerrières. Fut-ce pour imiter Alexandre et Achille ? le grand Pompée trouva en face de lui des Amazones dans l’armée des peuples caucasiens. Les Celtes aussi eurent leurs héroïnes : reines bretonnes qui, telle la Boadicée de Tacite, furent contre les légions romaines les derniers champions de la liberté nationale, princesses des Pictes tatoués. Aux confins de la Germanie et de la Scythie, dans les profondes forêts de pins du rivage baltique, les ancêtres des Lituaniens obéirent à des femmes, reines et grandes-prêtresses. C’est encore une femme, belle, brave et habitant de merveilleux palais, la Candace, descendante de la reine de Saba, qui commanda aux noirs Éthiopiens.

Le royaume des femmes. — Enfin, à côté de ces pays où les femmes sont guerrières, prêtresses et reines, voici celui où, sans cependant vivre seules comme le veulent les poètes grecs, elles sont, comme