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LES AMAZONES

scène quelle source intarissable de poésie pour tous les âges de l’humanité !

Vaincues ainsi par les héros grecs, les Amazones ne restent pas moins une grande puissance militaire. Elles battent les Assyriens, pénètrent jusqu’en Syrie, jusqu’aux confins de l’Inde, jusqu’en Afrique, où, sur les bords du lac Triton, elles établissent une colonie. Puis un jour elles refluent en Asie, où, au bout de longs siècles, Alexandre les retrouve. Comme la reine de Saba à Salomon, leur reine Thalestris vient porter son hommage au conquérant.

Les interprétations modernes. — Les Amazones, dont les corps harmonieux ornent les murailles du Pœcile et le fronton du Parthénon, dont les statues se dressent à Olympie, à Éphèse, dont les figures ornent si souvent les sarcophages, sont-elles une simple invention du fécond génie grec ? On l’a cru longtemps, et lorsque, voici un demi-siècle environ, on s’est préoccupé d’expliquer les mythes, on a vu dans les Amazones la personnification de l’une des grandes variétés parmi les cultes antiques : les cultes lunaires. Pour ces cultes, venus d’Asie, le principe essentiel de la nature, donc le plus vénéré, est le principe féminin. Mais en face de celui-ci apparaît un autre principe rapidement dominateur, le principe masculin. Il triomphe dans les cultes solaires. Or, Bellérophon, Hercule, Thésée, tous les adversaires heureux des Amazones sont des divinités solaires. La légende des Amazones est donc un épisode de la lutte des cultes solaires contre les