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passent sur la glace le Bosphore cimmérien, s’avancent, comme plus tard les Mèdes, à travers la Grèce du Nord, battent les Grecs et arrivent jusque dans Athènes. Vaincu d’abord, Thésée se ressaisit lorsqu’il voit sa capitale au pouvoir de l’ennemi. « Après avoir sacrifié à la Peur », il engage la bataille. Bataille de quatre mois, gagnée grâce à la valeur de Thésée et d’Hippolyte, et qui se termine par un traité d’alliance, commémoré encore dix siècles plus tard par les Athéniens.

… L’écho des mêlées d’Ilion parvient jusqu’aux Amazones ; elles décident de secourir le vieux Priam que cependant naguère elles ont combattu. Brûlante du désir de se mesurer avec les héros hellènes, la belle reine Penthésilée accourt dans Troie avec douze de ses plus vaillantes compagnes. Parfaitement belle, elle est sous ses armes d’or et d’argent l’image d’Aphrodite autant que de Minerve. De la lance, de l’arc, de la double hache, elles s’escriment si bien qu’elles font de la fleur des vaillants Hellènes un monceau de cadavres. Achille et Ajax accourent et, sur les cuirasses magiques forgées par Vulcain, s’émoussent les traits des filles de Mars. Face à face, le fils de Pelée et la gracieuse guerrière s’apostrophent en paroles enflammées. Puis c’est le duel inégal : bien vite l’épée d’Achille, instrument de la Parque implacable, tranche la vie de Penthésilée, dont le sang rouge fleurit la gorge ivoirine.

Tout à l’heure Achille s’indignait qu’une femme osât se mêler aux guerriers, et dans son ardeur belliqueux entrait le ressentiment du sexe fort bravé. Maintenant la beauté de la fleur humaine devant lui étendue touche le dur vainqueur. Dans cette simple