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leur capitale, Thémiscyre, située à l’embouchure du fleuve Thermodon, réside la reine. Elle l’administre et confie à des vice-reines le soin d’administrer les provinces de l’empire et de le défendre.

La renommée des vierges fortes arrive bientôt jusqu’aux héros grecs. Ils voudront se mesurer avec ces femmes qui font mentir la réputation de faiblesse de leur sexe, et tiendront leurs guerres amazoniques pour leurs plus glorieux exploits. C’est ainsi qu’avec une expédition où il réunit la fleur des guerriers hellènes, Héraclès débarque devant Thémiscyre où règne la valeureuse Antiope. Il assiège la place ; les Amazones sortent en foule, et les Grecs considèrent avec étonnement leurs costumes taillés à la mode barbare : un vêtement collant de peaux de bêtes sur le pantalon serré, de hautes bottines à la pointe recourbée ; sur la tête, la mitre ou le bonnet phrygien. La plupart d’entre elles sont à cheval et tirent sans arrêt, même lorsqu’elles refluent vers les remparts, des flèches infaillibles ; celles-là, à pied, brandissent d’une main la lance, de l’autre la double hache, ou, mettant cette arme à la ceinture, se protègent d’un petit bouclier en croissant de lune.

Le combat s’engage : la peau du lion de Némée, impénétrable aux traits, l’invincible massue assurent la victoire au fils de Jupiter. Antiope, prisonnière, dénoue sa ceinture et la donne au vainqueur. Hippolyte suit à Athènes le roi Thésée, dont l’amour, plus sûrement encore, l’a vaincue.

Double humiliation pour le peuple des vierges guerrières, qui bientôt veulent se venger. Les héros grecs partis, elles réunissent une puissante armée,