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de Scythie, aux exercices militaires, endurcies par la rigueur du climat, elles pratiquent, sous la conduite de leur reine, un rigoureux entraînement. Bientôt elles sont des soldats accomplis, des guerriers farouches, qui mieux que personne manient la lance, l’arc et la flèche, et dirigent les plus impétueux coursiers. Lorsqu’elles se sentent sûres de la victoire, elles attaquent et taillent en pièces les peuples qui jadis accomplirent sur leurs maris le grand massacre. Mais, la vengeance accomplie, subsistent chez elles l’amour de la guerre, la passion de la gloire et la haine du sexe fort.

Et elles décident — ainsi parle un vieil auteur français qu’intéressèrent leurs exploits fabuleux — de fonder une monarchie, qui établit la gloire de leur sexe en faisant voir que des femmes étaient capables d’honorer le sceptre et la couronne par la manière dont elles sauraient les porter. De fait, elles subjuguent les tribus belliqueuses où l’épée est dieu : Sauromates tatoués, Gelons buveurs de sang, Ibères et Albanes du Caucase, qui par la suite briseront les armes de tous les conquérants. La barrière montagneuse forcée, l’Asie Mineure est à leur merci. Leur flot déferle jusqu’aux trois mers. Et, sans cesser d’être guerrières, les voici civilisatrices : du plateau de Cappadoce, elles font un prospère royaume ; au fond des golfes bleus qui, de leurs riches découpures, brodent la côte de l’Egée, elles asseyent toutes les blanches villes qui plus tard tiendront à honneur de les avoir pour héroïnes éponymes : Smyrne, Éphèse, Myrina, à l’époque classique, frappent encore leurs monnaies à l’effigie de la vierge casquée. Le royaume, elles l’organisent sagement ; dans