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égales de l’homme ces « servantes de la reine », congrégation religieuse et corporation à la fois ; égale de son souverain cette épouse du roi qui, dans la cité-royaume de Lagas, est chef politique, grand-juge, administrateur, qui évoque devant son tribunal les affaires privées, nomme les fonctionnaires, promulgue les lois et dont le palais — non celui du roi — est le grand centre de la vie du petit royaume.

Et si l’épouse du maître d’une cité chaldéenne exerce plus de pouvoirs officiels qu’aucune reine n’en exerce jamais du vivant de son mari, des inscriptions exhumées récemment par le père Scheil nous apportent mieux encore : des femmes élevées par le choix populaire au pouvoir suprême. Nous savons en effet que, cinq mille ans avant notre ère, le suffrage universel fleurissait, de même que le collectivisme, sur les bords de l’Euphrate et du Tigre. Qu’un souverain vînt à mourir, et c’était parfois une femme que le peuple désignait pour son successeur.

La légende de Sémiramis, qui comme toute légende a une base historique, montre que le gouvernement féminin laissa en Orient de bons souvenirs.

C’est d’ailleurs, bien plus que l’égalité des sexes, une véritable suprématie de la femme qu’ont connue ces âges fabuleux de la légende qui chaque jour pénètrent un peu plus dans l’histoire de l’ancien Orient. Mais aux temps classiques même, et quand les cultes lunaire ou terrestre, dont la primauté se confondait avec celle de la femme, grande prêtresse d’Ishtar de la Déesse-Mère, s’éclipsent devant le culte masculin du Soleil, la femme conserve du moins long-