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l’usage, haranguent le peuple ; spectacle extraordinaire en paya musulman et qu’on n’avait pas vu depuis l’époque des premières prophétesses. Réunies déjà en un puissent groupement moral, les femmes égyptiennes envoient à lord Milner une adresse de protestation contre le protectorat.

Dans l’Inde, le mouvement suffragiste gagne du terrain ; des sociétés féministes se développent qui, prenant l’œuvre par le commencement, se préoccupent d’instruire les femmes. Après la noblesse parsie qui fut l’initiatrice, les Hindoues et les musulmanes se laissent gagner. Hiératiques dans leurs voiles blancs et les yeux perdus encore dans une vie intérieure, mistress Tata, leader hindoue, et deux de ses compagnes siègent, parmi des femmes turques et japonaises, au congrès de Genève.

Au Japon, les aspirations vers l’émancipation féminine ne se limitent plus à quelques intellectuelles : la mousmé à son tour s’éveille ; elle manifeste devant le Parlement, mène dans la presse une campagne ; et pour la première fois une assemblée japonaise discute de suffrage féminin, pour la première fois un chef du gouvernement laisse tomber des paroles sympathiques — en théorie du moins — à la cause féministe.

Manifestations curieuses et caractéristiques de l’heure. Mais n’est-il pas trop tôt encore pour que sur l’Asie se lève l’aurore de l’affranchissement ? Et régnât-il dans les lois, le féminisme ne trouverait-il pas — et pour de longues années encore — d’insurmontables obstacles dans les mœurs) Pour libérer la femme, c’est ici la conception même de la famille qu’il faudrait changer.