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cela ne s’était jamais vu depuis que le monde est monde — appelle en son sein la doctoresse Shiskina Yavéïn et le suffrage féminin fait partie des lois constitutionnelles de la Russie. Avant même qu’elles ne soient élaborées, une femme, la comtesse Sophie Panine, est ministre d’État, et Kerenski fait offrir à la vénérée grand’mère de la Révolution, Mme Brechko-Brechkovskaïa, Louise Michel russe dont les bagnes n’ont pu tarir la foi, la présidence du Parlement provisoire.

Vient la révolution maximaliste : Lénine, Trotski et leurs disciples ne manquent pas de faire appel aux femmes, volontiers mystiques, fanatiques volontiers : parmi elles se recrutent d’abord les adeptes les plus convaincues, les plus violentes du bolchevisme ; elles prêchent dans des meetings révolutionnaires ; telles les tricoteuses farouches de notre Révolution, elles demandent la mort des aristocrates — c’est-à-dire des bourgeois — et exigent les mesures les plus violentes de répression et de terreur. Elles les appliquent elles-mêmes lorsqu’elles sont à la tête d’un office important — tel la dictature aux vivres de Pétrograd confiée quelques mois à une jeune fille — ou tyrannisent un village. Une femme fait partie des plénipotentiaires chargés par Trotski de négocier la paix de Brest-Litowsk. Une femme encore, Mme Spiridovna, est la candidate maximaliste à la présidence de l’éphémère Constituante du 18 février 1918. Mais depuis que l’anarchie révolutionnaire s’est, sous la dure volonté de Lénine, transformée en autocratie, il semble bien que les droits politiques des femmes, tout comme ceux des hommes, ne soient plus qu’un vain mot. La participation des femmes aux affaires