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en première lecture. Les conservateurs se rabattent alors sur un référendum préalable de tous les électeurs. La manœuvre échoue, et le vote for women triomphe définitivement.

Cependant, la Russie se libère des tsars et, avec les révolutions successives, le féminisme surgit. Aux premiers jours du gouvernement provisoire, la Ligue russe pour l’affranchissement des femmes envoie au prince Lwof une adresse où elle demande l’inscription de l’égalité politique des deux sexes dans la nouvelle constitution ; d’immenses meetings groupent à Pétrograd et à Moscou les suffragettes russes. Silence du gouvernement, et qui, jugent les féministes, dissimule à peine l’hostilité. Alors, les leaders du mouvement, Vera Figner et la doctoresse Shiskina Yavéïn, médecin des hôpitaux de Pétrograd, organisent une manifestation dont l’ampleur dut rendre jalouse miss Pankhurst. Elles réunissent une armée de quarante-cinq mille femmes et, précédées d’un escadron d’amazones, entourées de porte-drapeaux portant, sur les bannières, des professions de foi féministes, escortées d’un état-major d’étudiantes et suivies des masses compactes du travail, se rendent devant le palais de Tauride : ambassadrices du peuple féminin, elles somment les deux gouvernements, le Soviet et la Douma, de s’expliquer sur les droits de la femme. Les deux présidents subissent l’ascendant d’une volonté puissante et, plus contraints peut-être que sincères, Tcheidze au nom du Soviet, Rodzianko au nom de la Douma, affirment aux deux déléguées qu’ils sont prêts à combattre pour l’affranchissement féminin. En effet, le comité de constitution — et, dit une féministe,