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avec les révolutionnaires, le renversement de la tyrannie mandchoue. La république à peine proclamée, les suffragettes surgissent d’autant plus exaltées qu’elles ont espéré faussement l’inscription de leurs droits dans la constitution de 1911. Elles aussi crient et cassent les vitres… Plus heureuses que les Pékinoises, les Chinoises du Sud, sous le gouvernement du docteur Sun Yat Sen, disciple de nos révolutionnaires, arrivent d’emblée à l’électorat et à l’éligibilité et siègent dans l’assemblée provinciale de Canton. Mais ce droit leur est retiré sous la dictature de Yuan Chi Kaï.

Pas de révolution au Japon, et donc peu d’aspirations féminines encore vers les droits politiques ; mais chez les Japonaises comme chez les femmes turques, une grande impatience du joug ancien. « Telles jeunes filles refusent de se marier sans avoir fait auparavant la connaissance du fiancé qu’on leur destine ; telles autres, dit un observateur averti du Japon moderne[1], suivent les cours des universités et ébauchent avec des étudiants des flirts plus qu’américains. » En 1907, le général Nogi, qui, directeur de l’École des filles nobles de Tokio, veut ramener ses pupilles à la simplicité des temps anciens, soulève une véritable émeute et, devant les soieries chatoyantes et les bijoux somptueux, connaît pour la première fois la défaite. Tandis que la noblesse s’émancipe et s’instruit, les bourgeoises, les femmes du peuple, par l’effet de la transformation industrielle et de la guerre russo-japonaise qui en fait d’indispensables remplaçantes, pénètrent la vie économique

  1. Ludovic Naudeau, le Japon moderne.