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Grandes dames musulmanes et princesses hindoues, pour la relever de son abaissement. Leurs efforts sont longtemps rendus vains par la difficulté que, de par la loi religieuse et l’usage du purdah, qui leur interdit de se montrer en public, les femmes des classes supérieures éprouvent à aller au peuple. Aussi le premier soin des femmes qui pensent et qui agissent est-il de tenir des meetings pour obtenir l’abolition du purdah. La rigueur de la vieille coutume se relâche et les femmes hindoues se montrent, vis-à-vis de leurs compatriotes, dignes de cette tolérance, en prenant une part active au mouvement nationaliste. Comme dans la Russie esclave, être féministe, c'est d’abord combattre pour la libération. Peu à peu l’instruction supérieure de quelques femmes d’élite descend dans les rangs de la bourgeoisie, et la place de la femme dans la vie économique de l’Inde devient assez grande pour qu’une princesse, la Maharani de Baroda, bien moderne sous sa forme antique et sculpturale de prêtresse ou de bayadère, puisse consacrer tout un ouvrage à la vie sociale des femmes de l’Inde. Au moment où la souveraine écrit son livre (1911), les femmes ont pénétré non seulement dans les petits métiers indigènes, mais dans les établissements de la grande industrie, les emplois de l’État, les écoles, la banque. Les dirigeantes hindoues, dont justement la Maharani, se proposent de développer l’instruction supérieure et professionnelle des femmes pour leur ouvrir de nouveaux débouchés. Et au pays qui, pour nous, reste symbolisé par la mystérieuse danseuse jaune d’Albert Besnard, une femme nouvelle apparaît qui n’est plus seulement l’éclatant papillon dont la danse colorée nous enchante, mais