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grévistes de la faim, une martyre volontaire comme Miss Davidson qui, tel un fakir sous l’idole de Jaggernât, se fit broyer à Epsom par le cheval du roi, ne suffisent pas à rendre sympathiques celles qui, prétendant instaurer le règne de la femme, donnèrent l’impression que la politique féminine n’était qu’incohérente névrose, masquèrent au monde entier les patients efforts des « suffragistes » et firent plus que tous les Rousseau et tous les Proudbon pour rendre hostiles à la juste cause les indécis.

Bien que, en dépit même des suffragettes, un assez grand nombre de députés aient continué de se déclarer individuellement favorables au suffrage féminin, bien que le parti irlandais et le labour party, celui-là théoriquement, celui-ci pratiquement, n’aient cessé de prêter aux féministes leur appui, bien que l’Union des Sociétés suffragistes eût, par la voix de sa sage et habile présidente, Miss Fawcet, désavoué formellement « tout acte de violence dans la propagande politique », bien que quelques-unes des femmes les plus en vue de l’aristocratie, la sœur et la belle-sœur de M. Balfour, Mme  Despard-French, aient à l’heure critique apporté leur secours, les années 1912 et 1913 virent mourir, à peine éclos, trois projets de suffrage féminin. Encore une fois la Chambre des communes entendit d’éloquents avocats des femmes ; encore une fois leur offensive fut brisée par la tactique savante de M. Asquith qui, lorsqu’il juge assez longues les joutes oratoires, fait déclarer par le speaker que, les amendements sur la suffrage féminin altérant profondément le bill gouvernemental sur la réforme du droit de suffrage