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lisme. Et parmi les défenseurs masculins du suffrage des femmes on trouve le comte de Mun et Jaurès, Charles Benoist et Albert Thomas. C’est déjà, pour la défense d’une idée, et entre quelques milliers de Françaises et quelques centaines de Français, l’union sacrée.

C’est également au musée Carnavalet ou sur les scènes de cafés-concerts attardés qu’il faut reléguer cette femme-homme, aux cheveux coupés, aux habits semi-masculins, aux allures brusques, aux mouvements raides, dont le bon bourgeois français se gaussait et s’épouvantait.

Le caricaturiste ou le chroniqueur qui se rendrait aux assemblées de l’U. S. F. avec l’espoir de trouver là une ample matière pour sa plume mordante ou son crayon incisif serait bien grandement déçu. De vénérables aïeules ou d’élégantes jeunes femmes discutent sagement des opinions modérées. Plus d’une tournure pimpante et plus d’un gracieux visage donnent du charme à l’austérité des débats. Car, pour citer encore Mme de Schlumberger, « femmes et mères nous sommes, femmes et mères nous voulons rester ».

Aussi l’Union française pour le suffrage des femmes qui, à la veille de la guerre, a pris, sous la direction intelligente mais modérée de Mme de Schlumberger-Witt et de Mme Brunschwicg, la tête du féminisme français, recueille-t-elle, même en province, des adhésions.

Ses déléguées apparaissant : surprise ! On s’attendait à voir des êtres hybrides, asexués, aux vêtements masculins, aux allures tapageuses, on voit de vraies femmes, « mises comme tout le monde », et