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taudis infects, la lumière dans les esprits et les consciences. Son livre inaugura toute une série de recherches qui amenèrent bientôt un commencement bien humble encore de réformes sociales. Dès lors la question est posée. Il faudra cinquante années et la guerre pour la résoudre.

Il était bien plus facile au gouvernement de donner satisfaction à celles des femmes qui réclamaient le droit à l’exercice de leur intelligence qu’à celles qui demandaient le droit de vote, ou à celles qui attendaient la rénovation du travail. Un décret qui souvent passait inaperçu, sauf des intéressés, et dont, les conséquences n’apparaissant pas sur le moment même, la promulgation ne soulevait aucune critique, et le féminisme enregistrait dans l’ordre économique ou professionnel une victoire. Entre 1870 et la guerre, ces victoires sont nombreuses. Avant même la chute de l’Empire, les jeunes filles sont admises à subir les épreuves du baccalauréat masculin et pénètrent à la faculté de médecine. Les trois premières doctoresses conquièrent leurs grades. En 1886, les femmes sont admises au concours de l’internat ; puis c’est, avec Mlle  Jeanne Chauvin, la toge et le bonnet carré de l’avocat qui viennent donner à la beauté de quelques jeunes femmes une parure imprévue ; c’est l’École des beaux-arts qui ouvre ses portes, et voilà que, pensionnaires à la villa Médicis, prix de Rome de peinture ou de composition musicale, ressuscitent les muses. D’autres