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laquelle il est si difficile de porter un jugement impartial, parce que ses pensées et ses actes sont de perpétuels contrastes.

Bonne d’une bonté immense qui, comme celle d’un saint François d’Assise, s’étend à tous les déshérités et jusqu’aux frères inférieurs, elle prononce pourtant, dans sa haine de l’injustice, des paroles sinistres : « Paris sera à nous ou n’existera plus. » Hostile, disent ses familiers, aux revendications féministes, les jugeant ridicules et nuisibles, puisqu’elles détournent des énergies de la lutte de classes, seul bon combat, elle fut la première à organiser des bataillons féminins, et gagna une influence prépondérante dans ces clubs où, parfois, il fut question du droit de la femme. Malgré elle, elle appartient à l’histoire du féminisme ; car elle montra qu’une femme pouvait être chef de bande et chef de parti, et la légende qui bien vite l’entoura en fit, au mépris de quelques traits de son caractère qui la montrent accessible à l’amour, une rebelle contre la loi de l’homme et le type même de la Vierge forte.

Après 1870, et tandis que Louise Michel expie au bagne son immense amour des humbles, une autre femme apparaît, combien différente par l’aspect, le caractère et les idées ! mais qui fut aussi, pendant de longues années, une femme politique et en même temps un champion déterminé du droit de la femme : d’une grande famille bourgeoise, Maria Deraisme est de bonne heure attirée vers les questions sociales.