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préoccupent davantage de contribuer, dans la mesure de leurs forces, au salut du pays d’abord, puis, après le 18 mars, à la régénération de la société qu’à l’affranchissement de leur sexe. Au cours du siège de Paris, pendant la Commune, les clubs féminins fleurissent presque aussi nombreux qu’en 1793. Et des figures curieuses apparaissent : la mère Duchêne, petite vieille décrépite, qui expose avant la lettre tout le bolchevisme avec la socialisation, la dictature prolétarienne et la terreur ; Lodoïska Carveska, l’amazone de la Commune, qu’on voit siéger dans les clubs en costume militaire, « pantalon de turco, bottines à glands d’or, veste de hussard en velours cramoisi et ceinture bleue où pendent deux pistolets[1] ». Trop souvent les femmes qui politiquent, et justifiant cette remarque d’un philosophe qu’elles exagèrent le mal comme le bien, se laissèrent gagner à l’extrémisme, à l’action directe. Parmi elles ces pétroleuses, aussi effroyables que les tricoteuses de la Révolution ; parmi elles ces mégères, qui prennent part avec une joie sauvage aux exécutions d’otages. Nombreuses celles qui, d’ailleurs suffisamment exaltées pour confesser jusqu’à la mort leurs doctrines, prennent fusil en main sur les barricades. L’une d’elles, rédactrice du Journal des citoyennes, organisa la défense de la gare Montparnasse contre les Versaillais.

C’est dans ce milieu qu’il conviendrait, pour en comprendre la vraie psychologie, de replacer la Vierge Rouge, cette Louise Michel, sainte des révolutionnaires et exécration des bourgeois, sur

  1. Macre de Villiers.