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lettres des révolutionnaires et qui, le 24 janvier 1878 « exécuta » le préfet de police Trépov », tel cet état-major féminin qui conçut et exécuta l’assassinat d’Alexandre II. Et l’exécution de Sophie Perowskaia, la première qui ait subi ce sort en Russie le sort affreux d’une Elisabeth Olovenikof, devenue folle dans sa prison, d’une Essia Hoffmann, morte de douleur pour avoir été privée de son enfant, loin de décourager leurs émules, en suscite des centaines. Trop occupées à préparer avec l’homme le grand soir, les intellectuelles russes considéraient la revendication de leurs droits particuliers comme pur égoïsme. Et si elles sont féministes, c’est sans le chercher, et même sans le savoir.

Dans les pays latins. — Dans tels pays latins ou, presque autant qu’en Russie, la masse féminine est restée arriérée (c’est à peine si la paysanne de Sardaigne, de Sicile ou des Abruzzes a conscience d’elle-même, pourra écrire, en 1900, une féministe italienne) on en est encore à l’époque où quelques voix isolées prêchent dans le désert l’affranchissement féminin.

En Espagne, Concepcion Arenal, l’une des premières femmes qui aient fait des études de droit évoque dans la Femme de l’Avenir une Eve nouvelle qui, égale de l’homme, exercera toutes les professions masculines, jusques et y compris le sacerdoce auquel, mieux que l’homme même, la prédestine sa douceur… Ainsi parlait sept siècle plutôt Guillemine de Bohême.