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HISTOIRE DU FÉMINISME

elles, Frederika Bramer est la première et la plus populaire. Connue surtout en France par des romans où est peinte, non sans longueurs et sans monotonie, la bourgeoise des petites villes de Suède, Frederika Bremer fut en son pays l’une des premières apôtres de l’émancipation. Grande voyageuse, elle entre en relation avec une amie de Stuart Mill et, sous son influence, elle écrit assez tardivement (en 1856) Hertha. Dans ce livre emphatique, sentimental et alourdi de trop longues prédications, le féminisme suédois, né à peine, est fixé sous la forme qu’il conservera par la suite. Pour défendre la cause féministe, Hertha ne dément pas sa foi et ses tendances mystiques… Elle se lève, bras au ciel, inspirée : « Justice pour la femme au nom du Christ, mort également pour le frère et la sœur ! » Et les revendications qu’elle émet sont fort modérées. Elle demande « le droit à l’instruction, au travail et à la liberté », nulle part le droit à l’amour. La virginité est un état supérieur. « C’est la femme vierge qui était jadis prêtresse des dieux. »

On s’explique qu’un tel ouvrage n’ait pas soulevé une trop grande indignation et que le gouvernement lui-même en ait sanctionné le succès en décrétant (1858) que les femmes seraient majeures à vingt-cinq ans.

Ce progrès devait être suivi assez rapidement de bien d’autres, plus importants. En 1862, les femmes obtiennent le vote municipal.

Ainsi, dans quatre grands pays, plus de manifestations féministes isolées, intermittentes, qui attendent pour s’exprimer l’heure trouble des révolutions et sont emportées avec les espoirs révolutionnaires par