Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/239

Cette page n’a pas encore été corrigée
232
HISTOIRE DU FÉMINISME

Ainsi firent-elles en effet. Avec quatorze de ses amies, le grand leader féministe Miss Anthony se rend à une section de vote et convainc les inspecteurs de son bon droit. Les quinze femmes prirent part au scrutin. Victoire à la Pyrrhus ! Leur inscription au registre électoral est cassée, les délinquantes et les inspecteurs eux-mêmes condamnés. Miss Anthony doit payer cent dollars d’amende et les frais du procès. « Je ne payerai pas, s’écrie-t-elle, un dollar de votre amende injuste et, de toutes mes forces, je pousserai les femmes à mettre en pratique la vieille maxime de la révolution : « Résister à la tyrannie « c’est obéir à Dieu. » Miss Anthony fut le Hampden du féminisme. Plus heureuse que son devancier et que plus tard ses émules les suffragettes, elle ne paya pas l’amende et n’alla pas en prison. Elle tint d’ailleurs la promesse qu’elle s’était faîte. En 1869 elle fondait l’Association nationale pour le Suffrage des Femmes, instrument puissant de propagande.

Dès cette même année d’ailleurs, la ténacité des femmes américaines recevait une première fois sa récompense. En 1869, en effet, un territoire de l’Ouest, le Wyoming, inscrivit dans sa législation la disposition suivante : « Toute femme âgée de vingt et un ans pourra prendre part à toutes les élections prescrites par les lois. Ses droits au suffrage et aux fonctions publiques sont identiques à ceux que les lois du territoire accordent aux autres électeurs. »

La pleine disposition pour la femme mariée de sa propriété, une loi scolaire établissant que maîtres et maîtresses auraient pour un même travail même traitement, complétaient cette législation, qui la

Il manque les pages 233 et 234 dans ce fac-simile.