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LES GRANDES CAMPAGNES FÉMINISTES 23,

« Tandis que l’homme Bouclait son sac et partait pour vaincre l’ennemi, la femme faisait le plan des campagnes qui donnèrent la victoire à la nation ; elle combattit dans les rangs, quand elle put le faire sans être surprise ; elle fut l'instigatrice de la commission de santé : elle amassa les approvisionnements nécessaires à l’immense armée ; elle fournit des infirmières aux hôpitaux, réconforta les malades, adoucit la fin des mourants... On ne pourra jamais se rendre compte de la tache qu’assurèrent les femmes et de l’énergie qu’elles sacrifièrent pendant cette guerre ou trois millions d’hommes furent appelés aux armes. »

La guerre finie, elles réclament leur part de la victoire, de cette victoire qu’elles ont bien gagnée. Mais elles ont tiré les marrons du feu. C’est, leur objecte-t-on, le tour du Nègre. Les femmes, plus tard ! Et en vain elles demandent que |’amendement à la Constitution qui donne aux noirs le droit de vote soit ainsi rédigé : « Ni couleur ni sexe... ne font obstacle au droit électoral. » Les libérateurs restent sourds.

Une seconde fois le sentiment de la grande injustice, d’autant plus humiliante qu’elles voyaient accorder à des hommes de race étrangère, totalement ignorants, ce droit d’influer sur les destinées de leur pays, qu'à elles, on leur refusait, poussa les femmes à agir avec force et autorité pour la défense de leurs droits.

« Un des articles de la loi accordant le droit de vote aux noirs avait été rédigé d’une façon si ambiguë que, dans l’opinion de certains, les femmes pouvaient s’en servir pour réclamer le droit de vote. »