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apprennent bientôt qu’ils se réservent même le monopole du libéralisme et de la générosité.

En 1840, un Congrès anti-esclavagiste se tient à Londres. Lucretia Mott et ses compagnes s’y présentent. On leur ferme la porte. Et, d’indignation, elles fondQ, nt une association féministe. Sans cesser d’ailleurs de prêcher l’émancipation des esclaves, Lucretia Mott, Lucy Stanton, Florence Whright prêchent également la libération des femmes. Leurs campagnes en faveur des nègres leur ont appris à s’organiser, à frapper l’opinion. Le 19 juillet 1848, une « Convention » réunit à Seneca-Falls (État de New-York) des déléguées de toute l’Union américaine. Et de la petite chapelle wesléienne, où un quaker a officié, s’échappe le manifeste qui sera pour les femmes américaines ce que, trois quarts de siècle plus tôt, fut, pour les concitoyens de Washington, la Déclaration des droits. Comme celle-ci, elle a une valeur humaine, mais une forme très américaine. Et l’esprit quaker y règne. Prêtons l’oreille à son enseignement : « L’homme et la femme ont été créés égaux, pourvus par le Créateur d’inaliénables droits… Le gouvernement n’est fait que pour sauvegarder ces droits… et s’il manque à ce devoir essentiel, les gouvernés peuvent légitimement se soustraire à son allégeance. Or, l’homme impose à la femme des lois à la rédaction desquelles elle ne participe pas. L’homme monopolise tous les emplois lucratifs et ferme à sa compagne toutes les avenues de la distinction et de l’honneur ; il l’écarte des affaires de l’Église ; il crée un faux sentiment, une fausse opinion publique qui décrètent qu’il y a pour les deux sexes, deux morales… il fait de la