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quelques femmes choisies dans l’élite intellectuelle, soit de l’attribution du droit de vote aux filles majeures et aux veuves.

Jeanne Deroin candidate. — L’année 1848 ayant vu la faillite des espoirs féministes, comme de tant d’autres espoirs, et la Constitution nouvelle condamnant définitivement l’affranchissement féminin, une féministe, en 1849, se résolut à essayer de l’action directe.

Pour la première fois, une femme va conduire une véritable campagne électorale.

Jeanne Deroin, qui, avec le plus complet mépris du ridicule, réalisa ce coup d’audace, était une ancienne institutrice, petite de taille, très brune, aux grands yeux illuminés d’un feu sombre. Corps faible, mais volonté de fer, mystique volontiers et dévouée à tous les opprimés, elle espérait de la société nouvelle l’affranchissement des femmes et celui des travailleurs ; trop intelligente pour escompter la réussite, elle voulut du moins, par une manifestation éclatante, attirer l’attention sur l’idée féministe qui, la période de réaction commençant, sombrait déjà dans l’indifférence générale.

En avril 1849, les élections pour la Législative approchant, elle lance une proclamation aux électeurs de la Seine et, dans une adresse au comité électoral démocratique socialiste, demande « de n’être point écartée de la liste électorale au nom d’un privilège de sexe ».

Le 10 avril 1849, elle se présente à la mairie du IVe arrondissement et sollicite du président de la