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guerre mondiale pour les réaliser. Mais les journées de juin devaient emporter dans la tourmente tout espoir de renaissance ouvrière.

Le décret du 4 mars 1848 établissant le suffrage universel justifiait, comme la Déclaration des droits de l’homme, toutes les revendications politiques des femmes, autorisait toutes leurs campagnes pour la conquête du bulletin de vote. C’est ce que déclare nettement l’adresse du 23 mars 1848 adressée, par le groupe de la Voix des Femmes, au gouvernement provisoire.

« Si la révolution, disent les suffragistes, s’est faite pour tous… nous devons avoir part à ses bienfaits. Si, comme vous le dites, le peuple est souverain, le peuple étant constitué par l’union de l’homme et de la femme, vous devez établir, à côté du peuple-roi, le peuple-reine et ne plus permettre aux hommes de dire : l’humanité c’est nous ! Si enfin les femmes payent les impôts et obéissent aux lois de l’État, qu’elles participent aux bénéfices et aux privilèges assurés par l’État aux autres citoyens : Pas de devoirs sans droits. »

Donc, pour la femme, l’électoral et l’éligibilité. Mais nos féministes qui, sous des allures exaltées, dissimulent assez de sens pratique, se rendent compte qu’il n’y a pour le moment nulle chance d’obtenir le suffrage universel féminin, que l’opinion est hostile, qu’il faut faire progressivement son éducation. Et, réclamant tout en théorie, elles se seraient contentées en pratique, soit de l’élection par les hommes de