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laissons les donc dans l’ombre… Mais mettons en lumière leurs idées auxquelles, plus qu’au saint-simonisme qui les suscita, appartient l’avenir.

Les féministes chrétiennes fondèrent en 1832 le Journal des Femmes, pour rendre les femmes « aptes à leurs devoirs d’épouses et de mères ». Tout leur programme d’action sociale tient en effet dans cette phrase. Il est susceptible d’ailleurs de vastes développements. Sans doute, pour remplir son devoir d’épouse et de mère, la femme doit rester au foyer : le Journal des Femmes condamne tout ce qui semblait faire l’essentiel du féminisme : revendication des droits politiques, théorie de l’amour libre, et jette sur l’Émancipée un méprisant anathème.

Le mariage chrétien et la subordination politique de la femme demeurent l’imprescriptible idéal. Mais veut-on que la femme puisse être, dans toute l’acception du terme, épouse et mère ? Il faut d’abord réformer son éducation, dont l’insuffisance présente l’empêche de remplir son grand rôle d’ « éducatrice de l’humanité enfant » ; qu’elle étudie donc l’histoire, les belles-lettres, la musique, qui doivent, mieux comprises, élever l’âme et former l’esprit, mais aussi qu’elle reçoive une éducation pratique ; qu’on lui apprenne les soins à donner aux enfants ; qu’on l’initie à une médecine élémentaire ; qu’on lui inculque les premières notions de droit, pour que ni une maladie, ni, si elle devient veuve, un procès ne la laissent désemparée, et qu’elle puisse défendre la vie et les intérêts des siens.

Voilà donc un assez vaste programme et qui, pour adversaires du féminisme que se donnent celles qui le formulent, pourrait être accepté par les