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collègues et du gouvernement. Le 4 novembre 1793, la Convention décida la fermeture de tous les clubs féminins. Le 24 mai 1795, à la suite de l’émeute du Ier prairial, où beaucoup de femmes encore avaient pris part, elle ordonnait à toutes les femmes de rester désormais dans leurs domiciles respectifs.

Pourquoi la Révolution triomphante repoussait-elle le féminisme qu’avait encouragé la Révolution militante ? Disciples de Rousseau pour la plupart, les Conventionnels considéraient la femme comme un être inférieur dont la place est au foyer ; tout en cessant de faire reposer la société sur une base religieuse, ils restaient imprégnés de théologie scolastique ; d’ailleurs, suivant la très fine remarque de M. Aulard, on avait fait sous les règnes précédents, avec la Dubarry et Marie-Antoinette, une suffisante et fâcheuse expérience de la politique féminine ; enfin le féminisme apparut comme lié avec le socialisme ; ses chefs les plus marquants purent être considérés comme des membres de la faction des Enragés. Or la « révolution classique » voulait être uniquement politique ; ayant établi la petite propriété paysanne, elle jugeait avoir accompli une œuvre sociale suffisante et repoussait de toutes ses forces toutes les atteintes à ces principes, aussi sacrés pour elle que pour la royauté même : propriété, suprématie masculine. Le féminisme comme le socialisme, comme l’internationalisme, ébranlaient l’ordre nouveau comme l’ancien ordre de choses :