Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/206

Cette page n’a pas encore été corrigée

Dans l’intervalle, la passion politique avait gagné les femmes de tous les départements ; pas de grande ville, pas de petite cité qui ne possède son club féminin : Bordeaux pour sa part en compte trois ; et tel bourg de l’Est ou du Midi (Jussey [Haute-Saône], Sainte-Foy [Gironde]) recrute parmi les villageoises des femmes décidées à discuter les mystères constitutionnels[1].

Tous ces clubs furent-ils féministes ? Oui, pratiquement, puisqu’ils montrèrent les femmes décidées à participer à la vie politique, puisque en fait les clubistes en jupon prirent à la vie politique une part importante, puisque, comme celles des clubs masculins, leurs délégations furent, aux Jacobins ou devant l’Assemblée, les interprètes de la volonté nationale. Mais, à la différence de nos sociétés féministes ou des sociétés féministes anglaises, la revendication des droits politiques de la femme ne fut pas leur but essentiel. La plupart des clubs formés en province se proposent simplement de combattre les aristocrates. Au club des Amies de la vérité, quelles sont les idées les plus fréquemment émises par Etta d’Œlders et ses émules ? « Les femmes doivent exercer la plus grande influence sur les mœurs et le caractère de la nation ; leur influence sur le gouvernement ne peut être qu’indirecte… Mais elles ne doivent prendre

  1. On pourrait faire un volume sur l’activité patriotique des femmes pendant la période révolutionnaire. Nous l’étudierons avec plus de détail dans notre étude : Le Féminisme sous la Révolution française.