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officielle, mais puissante, de la volonté nationale, discuter avant les assemblées les mesures propres au bien public, tels sont les devoirs de tous ceux qui forment un peuple libre.

Si, au mépris de l’article premier de la Déclaration des droits de l’homme, l’Assemblée Constituante écarte les femmes, comme d’ailleurs la majorité des hommes, citoyens passifs, des assemblées, du moins les engage-t-elle à exercer toutes les autres prérogatives citoyennes. C’est une théorie passée à l’état de dogme que sur les femmes repose tout l’avenir de la nation. Ce sont elles, en effet, qui, selon qu’elles seront attachées ou non à la Révolution, feront des générations futures les soutiens du nouvel ordre de choses ou ses destructeurs. « Seule, dit en 1790 le traducteur de Mary Woolstonecraft, la désaffection des femmes pourrait compromettre la Révolution. » Aussi, outre les journées sanglantes du 14 juillet 1789 et du 10 août 1792, maintes autres journées se déroulent, où les femmes apparaissent, par leur conviction révolutionnaire, par le rôle qu’on leur laisse jouer, qu’on les engage à jouer, les égales des hommes.

Lors du grand mouvement qui, en 1790, porta tous les Français à sanctionner de leur volonté libre l’union réalisée par l’œuvre des siècles et la politique des rois entre tous les habitants d’un même territoire, les femmes ne se montrèrent pas moins ardentes que les hommes à jurer le pacte national. À Strasbourg, à Valence, à Saint-Germain, à Bordeaux, comme à Lyon, à Metz, à Orléans, partout de gracieuses théories de jeunes femmes et de jeunes filles portant sur des toilettes claires l’é-