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en France seulement que les circonstances se prêtent à des tentatives de réalisation.

Pendant les premiers mois, les premières années même de la Révolution, ce ne furent pas seulement quelques rebelles, ce furent toutes les femmes qui brûlèrent du saint désir de contribuer pour leur part à « briser les chaînes du despotisme » et à « asseoir sur de nouvelles bases le bonheur du peuple français ».

Celles-ci furent inscrites parmi les vainqueurs de la Bastille, celles-là suivirent Reine Audu sur la route de Versailles et « prirent la royauté » ; on vit, au 10 août, sabre en main, Théroigne de Méricourt. Plus pacifiquement, mais avec non moins d’ardeur, des femmes de Paris et des coins les plus reculés du royaume, se montrèrent jalouses de faire à la patrie un utile sacrifice. Lorsque Mme Moitte, déléguée des femmes artistes, eut fait hommage à l’Assemblée Constituante d’argent et de bijoux, nulle Française, fillette ou aïeule, qui ne s’empressât de déposer « sur l’autel de la patrie les hochets de la vanité ». Montres, chaînes, bagues, bracelets, affluèrent au bureau de l’Assemblée, accompagnés de lettres souvent naïves, parfois prétentieuses, mais toujours touchantes et où se reflétaient à merveille cette sensibilité, cet amour du bien public, ce désir de rendre heureux tous les Français, par eux tous les hommes, qui donnent au patriotisme révolutionnaire sa nuance particulière. Ce fut, spontané et non sur l’appel des autorités, l’expédient trouvé en 1915 pour augmenter notre réserve d’or…