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lieu des pics permit le maintien des libertés locales et des plus antiques coutumes, le droit d’aînesse fut, jusqu’à la Révolution, appliqué au profit de la femme.

La fille aînée hérita du père, choisit parmi les jeunes gens sans fortune son époux, et celui-ci, tel les épouses bibliques, fut dans la maison de sa femme comme un serviteur. Il n’eut aucun droit sur le patrimoine familial, et ne put pas plus aliéner les biens de sa femme que celle-ci ne peut, sous le code Napoléon, aliéner les biens de son mari. Grand scandale pour les juristes du dix-septième siècle qui, étudiant ces vénérables usages, ne trouvent ni dans le droit féodal ni dans les Institutes, trésor de toute science juridique, le moyen de les expliquer !

Sans doute le régime de la famille féminine, survivance ultime du matriarcat, se concilie fort bien, chez les peuples modernes, avec l’assujettissement des femmes. Les Australiennes sont les esclaves, et très misérables, de leurs maris. Et ces époux du pays de Barèges, premiers valets dans leur propre maison, et qui ne peuvent disposer d’une part si infime soit-elle du bien familial, ont le droit de battre leur femme, avec la main, avec le poing, avec le bâton.

Dans la haute antiquité, il n’en fut pas de même.

Les fouilles poursuivies par Evans et ses émules dans les îles enchantées de l’Egée ont ressuscité les civilisations étranges qui brillèrent dans le royaume du Minotaure ou dans l’empire d’Aphrodite. À Chypre et en Crète, en effet, comme dans les har-