Page:Abensour - Histoire générale du féminisme, 1921.djvu/193

Cette page n’a pas encore été corrigée

véritable réputation de politicienne, elle trouve, peu après la prise de la Bastille, son chemin de Damas.

La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et la largeur universelle des principes, dont le contraste est si aigu avec la mesquinerie de l’application, la dressent, ardente et animée d’une conviction profonde, contre le dernier despotisme.

Au milieu de tant d’autres brochures, elle lance la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Tout comme Condorcet, c’est au nom de cette révolution, qui se pique d’affranchir le genre humain, qu’elle réclame son propre affranchissement. Tout comme lui, elle note la contradiction entre les beaux principes, hier proclamés, et leur étroite application. Les femmes sont soumises à tous les devoirs des hommes : elles doivent jouir de tous leurs droits. « Les femmes doivent avoir droit à la tribune, puisqu’elles ont droit à l’échafaud. » Formule frappante, et, pour elle, prophétique ! Et elle demande, et que l’on relâche les liens trop durs du mariage, et que l’on accorde aux femmes, enfin citoyennes actives, pourvues pleinement de leurs droits politiques et de l’électorat comme de l’éligibilité, l’influence à laquelle elles ont droit dans l’assemblée. Déclaration des droits de l’homme, — déclaration des droits de la femme. L’une et l’autre sont inséparables, car, dans le décalogue nouveau, toutes les libertés sont incluses, et le féminisme comme le socialisme se trouvent en puissance. C’est le grand mérite d’Olympe de Gouges de l’avoir nettement montré.