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dent), ou même du bolchevisme, il faut reconnaître dans le féminisme la clef de voûte de tout son système.

Olympe de Gouges, femme de lettres et tribun. — Avec Olympe de Gouges, nous redescendons des brumes métaphysiques pour cheminer de nouveau, à la suite de Condorcet, sur un terrain solide.

La fille naturelle du poète Lefranc de Pompignan, qui avait montré son esprit d’indépendance en abandonnant à vingt-deux ans un mari dont le naturel terre à terre ne répondait pas aux aspirations de son âme avide de gloire et d’idéal, avait déjà, à la veille de la Révolution, conquis dans la capitale une sorte de célébrité. Célébrité d’un plus ou moins pur aloi et qu’elle devait sans doute à sa beauté, à sa prestance majestueuse, à l’éclat de son train de vie et à ses opulents amis, mais aussi à son esprit prime-sautier, à son ardeur à s’instruire et à mener avec les philosophes le bon combat pour le bonheur du genre humain, à la cascade de brochures, de romans, de pièces de théâtre que, non de sa plume, — car, autodidacte et presque illettrée, elle n’écrivait pas volontiers, — mais de la plume de ses secrétaires, elle laissait tomber intarissable sur Paris. Après avoir rompu des lances, jusque sur la scène du Théâtre-Français, pour la libération des nègres, après s’être escrimée en faveur de Necker et de l’emprunt patriotique, tout en ne cessant de soutenir, comme Mirabeau, qu’elle admire la révolution modérée, et en se taillant, de 1789 à 1792, une