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« Les hommes, dit Mme  de Lambert, pourtant si réservée dans sa vie et dans ses écrits, les hommes ont usurpé leur autorité sur les femmes plutôt par la force que par le droit naturel.

La célèbre étoile du Théâtre-Italien, la Riccoboni, qui, ayant renoncé à la rampe, se tailla comme romancière une célébrité, pense de même et s’exprime avec une violence où l’on sent déjà la révolte : « À tout prendre, les hommes sont ridicules et inconséquents… S’attribuer la supériorité, eux, et pourquoi ? De faibles créatures dont la force prétendue ne résiste jamais au caprice, à la passion… » Et c’est pour les femmes qu’elle revendique la constance et la force d’âme…

Oui, les femmes sont par l’esprit, par le cœur, les égales des hommes, oui, elles sont capables plus qu’eux de faire, dans la conduite de leur vie, briller les plus hautes vertus ; autant qu’eux de composer ces œuvres de génie qui suscitent l’admiration du monde. Mais toutes leurs qualités natives sont étouffées par la barbarie d’une éducation qui atrophie leurs cerveaux ; qu’elles sortent de leur cave pour s’épanouir à la lumière, et l’on verra ce que devient la prétendue supériorité du sexe fort : tel est le thème maintes et maintes fois développé.

Certaines vont plus loin encore. Ce n’est pas par hasard que l’éducation des femmes se trouve inférieure à celle de l’homme, mais en vertu d’un dessein délibéré du sexe masculin. Celui-ci aperçoit de combien est fragile sa supériorité prétendue, et il emploie pour la rendre réelle tous les moyens, même les moins honnêtes. » Parmi ces moyens figurent l’infériorité de l’éducation et le mépris où