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de la femme et comparant, pour l’étendue de l’esprit, une grande comédienne à un grand poète ou à un grand politique ; d’Alembert s’écriant que, par l’assujettissement où nous tenons les femmes, nous les empêchons de manifester la supériorité qu’elles ont sur nous, et appelant de tous ses vœux le moment où cette grande injustice sera effacée ; Beaumarchais, Mercier[1], s’apitoyant avec des accents qui sont déjà révolutionnaires sur la misère des ouvrières, sur l’impossibilité où la femme du peuple se trouve de gagner sa vie autrement que par la galanterie ; l’abbé Guyon écrivant son Histoire des Amazones pour montrer l’aptitude du sexe aux travaux de la guerre et aux soins du gouvernement ; Thomas, traçant du Caractère et de l’esprit des femmes à travers les siècles le tableau le plus large et le plus juste qui soit, les montrant par l’esprit et le courage les égales des hommes, et bien souvent haussées à leur niveau ; voilà un bouquet de féministes convaincus ; l’on en trouverait d’autres aisément.

Les femmes de lettres et le féminisme. — Les femmes, naturellement, ont suivi le mouvement, et déjà l’on voit poindre chez les femmes de lettres, professionnelles, ce qui ne s’était pas vu depuis Christine de Pisan, l’idée féministe. Dans la plupart de leurs ouvrages, contes, romans, études historiques, pièces de théâtre, lettres, cette idée est exprimée ou du moins latente.

  1. Celui-ci dans le Mariage de Figaro, celui-là dans le Tableau de Paris.