La pensée de Voltaire est complexe, ondoyante et diverse comme le caractère capricieux du roi de Ferney. Sans doute, dans le Dictionnaire philosophique, déclare-t-il que la femme est généralement inférieure à l’homme par le corps et même par l’esprit. Mais faut-il tenir cette affirmation pour très mûrement réfléchie, et les antiféministes s’en peuvent-ils prévaloir pour enrôler Voltaire parmi eux ? Il s’en faut, car Voltaire fut en son temps un des défenseurs les plus zélés des droits de la femme. Naturellement, il ne s’agit pas, il ne peut s’agir de droits politiques ; du moins sauf dans le sens où l’entend par exemple Montesquieu. Car, à plusieurs reprises, il s’élève contre l’absurdité de la loi salique et montre, avec preuves à l’appui, que les femmes peuvent gouverner avec bonheur, gloire et justice. Mais surtout, il ne perd aucune occasion de s’élever contre l’injustice du sort que la loi fait à la femme : la femme mariée, tandis que son époux peut impunément porter où il veut sa flamme, sera, elle, pour une faute semblable, passible de la réclusion au couvent, voire de peines corporelles. « Les lois qui régissent le mariage, s’écrie-t-il, semblent avoir été faites par les… Sganarelles ! et c’est pourquoi elles sont ridicules et odieuses. »
La jeune fille n’est protégée par aucune loi contre la séduction, mais, poussée à l’infanticide par la misère, elle voit alors se tourner contre elle toute la rigueur des lois.
En bon journaliste, Voltaire saisit l’actualité d’un