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Du premier groupe, le chef de file est Rousseau. La femme, pour lui, c’est la mère en puissance. En dehors de ce rôle, elle n’a droit ni à l’affirmation de sa personnalité ni à la recherche d’une vie indépendante. Ce serait trahir les desseins de la nature.

Considérant l’amour seulement sous cet aspect, Rousseau ne manque pas d’en tirer argument contre l’émancipation féminine. Qui en effet, en amour, fait les premières avances ? L’homme… Et qui se tient sur une réserve délicate ? La femme. Conséquences : l’homme choisit, la femme subit le choix ; la nature marque sans équivoque la loi du mariage, qui sera la loi de la société : à l’homme de commander, à la femme d’obéir.

La famille est constituée : regardons la nature encore : le premier gouvernement, ce fut la famille ; au sein de ce petit groupe, le père eut, sur sa compagne, sur ses enfants, l’autorité absolue : sans autorité paternelle, nulle famille, nulle société qui puisse subsister. Enfin, considérons, en observant toujours la nature, le rôle respectif de l’homme et de la femme dans la conservation et la subsistance du groupe familial. À l’homme le soin de défendre les siens contre les dangers extérieurs ; à lui, selon les époques ou les civilisations, de conquérir ou de gagner leur nourriture. À la femme de rester au foyer, épouse, nourrice et fileuse de laine. Qu’elle se soit bien acquittée de ces humbles tâches, elle aura pleinement rempli sa destinée.

Somme toute, la femme idéale dont Rousseau trace le portrait dans la Nouvelle Héloïse, ne diffère pas sensiblement de la matrone romaine, chère au cœur des antiques Catons. Devenue la femme de Wolmar,