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qui rapporte ces paroles les fait suivre d’un commentaire sympathique ; avec autant de fougue qu’un pamphlétaire moderne, il malmène les ennemis des femmes qui, « faibles à débattre leur droit à la pointe de l’épée », en sont pour cela exclues par la brutalité des hommes. « Les femmes, dit-il formellement, sont dignes de commander. » Ainsi un libre esprit déjà refuse de s’incliner devant le préjugé. Et Montaigne qui, par ailleurs, n’a pas été sans décocher à la femme quelques traita assez pénétrants, avoue lui aussi que « les hommes et les femmes sont coulés dans le même moule ».

Convaincue aisément de sa propre supériorité sur beaucoup d’hommes, disciple de cette lignée d’écrivains et de philosophes français, italiens, qui, avec Montaigne, admettent que les deux sexes réagissent de même manière devant les sentiments et les passions, avec Brantôme l’égalité d’aptitudes politiques, la populaire reine Margot se propose, elle, de défendre, non plus seulement le droit des femmes à la couronne, mais tout « son sexe contre d’injustes mépris ». Pour elle la femme, dernière œuvre de Dieu, est donc la plus parfaite ; plus délicate, plus sensible que l’homme, elle est plus capable que lui de belles actions, si par belles actions il faut entendre non les œuvres de la force, mais celles du cœur et de l’esprit.

Dans le plaidoyer de Marguerite de Navarre, mainte théorie curieuse, d’ailleurs :

Avec un peu de bonne volonté, on pourrait voir l’ébauche de l’hypothèse du matriarcat dans cette affirmation « qu’au commencement les hommes rejetèrent l’élection qu’ils avaient faite des plus forts