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France sa belle Cordière, dont la libre vie autant que la passion poétique fit la Sapho française ; ses princesses de la maison de Valois qui furent des Pic de la Mirandole féminins ; l’Angleterre, Marie Stuart.

Une reine, la première, entreprend de relever la gloire de son sexe.

Dès 1499 Anne de Bretagne confie à un humaniste normand la biographie de toutes les femmes célèbres, prophétesses, muses, guerrières et impératrices. L’autoritaire épouse de deux rois ne montre-t-elle pas ainsi, avec discrétion, mais netteté, que la femme qui, comme l’homme, a contribué à la gloire et au bonheur des peuples est bien l’égale de l’homme ? Sur ce terrain la suivent d’autres princesses. Quelle belle recrue pour le féminisme qu’une femme comme Catherine de Médicis qui, trente ans, administra la France avec une énergie plus que masculine et une ruse bien féminine, et comme il est étonnant que nos émancipées n’aient pas pris soin de feuilleter Brantôme pour y découvrir ce glorieux précurseur !

Discutant avec le cardinal de Lorraine en présence de plusieurs nobles dames, Catherine, nous raconte le Dangeau des Valois, s’élève contre l’absurde coutume de la loi salique qui priverait de leurs droits à la couronne des princesses aussi capables que nuls princes au monde d’en gérer, glorieusement et habilement, les intérêts. Ainsi, elle revendique, sous la seule forme que puisse alors concevoir une reine, l’égalité politique des sexes. Brantôme