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une foi et une chaleur entraînantes, Guillelmine dit l’Évangile nouveau.

« Mon corps mortel, dît la prophétesse, mourra un jour, pour reparaître, glorieux, à l’heure du suprême jugement… Ma disciple préférée, Manfreda, sera mon vicaire terrestre. » À elle cette mission splendide. Quand Guillelmine serait morte, Manfreda, que l’imposition des mains sacrait prêtre et pontife, célébrerait la messe auprès du Saint Sépulcre. Plus tard, elle se transporterait dans la cathédrale de Milan et, sous les vêtements épiscopaux, devant tout le peuple assemblé, elle célébrerait de nouveau la Messe… Un jour Manfreda quitterait le Dôme de Milan trop étroit pour sa gloire. Elle marcherait vers Rome, renverserait le pape, réunirait un nouveau conclave ; puis, ayant revêtu la blanche simarre, posé sur sa tête la tiare étincelante, s’assiérait, nouveau saint Pierre, sur le trône pontifical. Alors une ère nouvelle commencerait. L’antique Église du Christ serait remplacée par une nouvelle Église, plus douce aux faibles, plus secourable aux affligés. Les quatre Évangiles vieillis céderaient la place à d’autres Évangiles et, pour répandre la bonne nouvelle, des essaims d’apôtres s’envoleraient sur le monde, ardentes messagères de paix et d’amour. À tous elles apporteraient la lumière et la consolation. Car, seules, des mains de femmes sont assez douces pour panser toutes les plaies, des cœurs de femmes assez tendres pour comprendre toutes les douleurs.

Ainsi, la Rédemption universelle, commencée par un homme-dieu, serait terminée par un dieu-femme, pour la plus grande gloire du sexe féminin.