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la glèbe, que jadis l’effort du couple à peine suffisait à féconder. « Sans le courage et l’activité des femmes, a dit Lloyd George, la guerre n’aurait pas été gagnée. » « Il est évident, a déclaré le président Wilson, que, seule, la mobilisation volontaire des femmes a permis à l’Union de jeter toutes ses forces matérielles et morales dans le conflit mondial. » Chez nous les munitionnettes ont été appelées les ouvrières de la victoire ; elles méritent ce titre glorieux, et nos campagnardes en partagent l’éclat.

Donc, depuis un demi-siècle, et depuis 1914 surtout, la femme s’est montrée, suivant le mot de Voltaire, « capable de tout ce dont les hommes sont capables ». C’est un fait contre lequel tous les arguments théoriques sont sans force. De là à conclure que, dans un avenir plus ou moins éloigné (et moins sans doute que plus), les femmes seront, sur toute la planète, les égales des hommes, il n’y a pas, semble-t-il, témérité.

Pour obtenir la révision du procès que l’injustice de l’histoire semblait avoir tranché en leur défaveur, des femmes ont, depuis des siècles, lutté, souffert, travaillé de leur cerveau ou de leurs bras. De génération en génération, les « rebelles » se transmettent l’idée, comme les coureurs antiques le « flambeau ». Et qui, écartant les grimoires officiels, prend la peine de considérer l’histoire vraie, vie du passé, s’aperçoit avec étonnement qu’à toutes les époques, des femmes se sont rencontrées qui ont su, dans toutes les branches de l’activité humaine, accomplir,