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l’union libre, dont on peut facilement s’affranchir quand le salut vous appelle. Ainsi, et ce n’est pas la conséquence la moins curieuse de la doctrine albigeoise, la courtisane gagne tout le terrain perdu par la matrone.

Et la société albigeoise a réalisé pendant un demi-siècle au moins, et dans tout le midi de la France, ce qui fut pour certaines de nos féministes le rêve un peu inconsidéré d’un lointain avenir : l’union libre, base des rapports sociaux et mondains. Les maîtresses des grands seigneurs ou des riches bourgeois sont reçues, honorées, bien accueillies dans les conciles de l’hérésie. L’amour libre triomphe, et par l’amour libre la femme a conquis son indépendance. Elle a conquis plus encore : une influence prépondérante dans la société. La place que tiennent dans les préoccupations des chefs de la secte les projets — et les réalisations — d’un enseignement féminin en serait à elle seule une démonstration éclatante.

De la masse des croyants élevons-nous jusqu’à ces Parfaits qui prétendirent réaliser sur la terre un idéal de vie spirituelle. Parmi ceux-là, les femmes comme les hommes se distinguent ; même ascétisme, même ardeur de prédication, même insigne : le cordon, symbole de leur mission sacrée et, sur les fidèles, même autorité.

Comme les Parfaits, les Parfaites forment des congrégations pieuses qui, cachées dans les districts les plus sauvages des Pyrénées, attirent les enfants — parfois mystérieusement enlevés à leurs parents — pour faire d’eux des adeptes de la foi nouvelle.

Comme tant d’autres religions avant elle, c’est à