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Aussi le féminisme revêt-il d’abord une forme toute particulière : comme aux premiers siècles du christianisme, il est d’essence mystique, de caractère religieux.

Si au douzième et au treizième siècle, en effet, la théologie catholique se présente comme la somme des connaissances humaines, si la cathédrale, image visible et tangible de cette théologie, est le grand livre de science et de vie, les constructions bizarres de l’hérésie, d’où la belle ordonnance classique est absente, mais riches de fantaisie imprévue, contiennent, voilées sous une sorte de zaïmph mystique, toutes les revendications sociales que développeront les siècles futurs.

Le féminisme est de celles-là, comme le socialisme. Nous l’avons trouvé chez les disciples de Carpocrate et de Marcion, nous le retrouvons chez ces Vaudois, ces Cathares, ces Albigeois, descendants lointains mais directs des gnostiques, et qui ont transmis leurs idées à l’Occident.

Chez ces pauvres de Lyon, dont le riche marchand Pierre Valdo est le prophète et qui, à son exemple, renoncent aux biens du monde pour renouveler l’humble communauté des pécheurs galiléens, la femme retrouve dans l’Église sa place naturelle.

L’Église catholique, qui défend le droit de vote des femmes et souvent leur droit féodal, n’admet du moins en aucun cas la participation de la fille d’Eve aux saints mystères ; les abbesses mêmes qui, étendant les droits qu’elles ont sur leurs ouailles, prê-