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affirmèrent de façon semblable l’égalité politique des impératrices et des empereurs. L’une d’entre elles appela des femmes éminentes dans ses conseils.

Celles-là firent du féminisme pratique seulement, et aucune ne songea à revendiquer pour son sexe les droits qu’exceptionnellement elle exerçait elle-même. Mais la Chine a possédé une femme qui peut, à juste titre, être considérée comme l’une des premières féministes : la poétesse Pan-Hoeï-Pan. Oh ! certes, son féminisme nous semblera discret et timide ; pour tout dire, enveloppé de bandelettes comme les pieds des Chinoises modernes, et un peu gauche dans ses mouvements. N’importe : les idées de Pan-Hoeï-Pan furent pour leur temps et leur époque aussi hardies que celles d’une Mlle  de Gournay ou d’une Christine de Pisan. Elle souffrit des injustices faites à son sexe, et l’exprima avec profondeur et émotion. Elle tenta de relever la femme dans l’esprit de ses concitoyens.

Elle vécut au début de l’ère chrétienne, sous la glorieuse dynastie des Han, qui promena les armes chinoises dans toute l’Asie. Sa famille était l’une des plus illustres de l’empire. Ses deux frères furent deux des grands hommes de leur temps. Le premier, Pan-Tchao, général de génie, vainqueur des Huns, poussa les troupes célestes jusqu’en Perse et pensa, dit-on, à soumettre Rome. Le second, Pan-Koou, fut le plus grand historien de son époque. C’est chez lui que, veuve à vingt ans d’un jeune mandarin, elle se retira. Sous son influence et celle des lettrés dont il faisait ses amis, elle décida de se consacrer aux sciences, et fut pour son frère une collaboratrice de tous les instants. Dans ces énormes