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l’équivalent du titre de licenciée en droit ! Et voici, rayonnant sur toutes ses compagnes d’une gloire non pareille, Chohdah, la Gloire des Femmes, la cheikah que son immense réputation fit ranger au nombre des ulémas, lumières de l’islam. Celle-ci, professeur de littérature à l’Université de Bagdad (au onzième siècle !), voit accourir, autour de la colonne au pied de laquelle elle enseigne, des étudiants innombrables à qui elle explique le livre des Infortunes des amants !

Ainsi les portes du harem ne sont point si hermétiques qu’elles ne s’ouvrent parfois pour laisser arriver jusqu’à la place publique quelque femme exceptionnellement douée. Et l’histoire, qui nous montre des Amazones sarrasines combattant sous les murs d’Antioche et de Carthage, des Judith égyptiennes essayant de convertir à l’islam le bon roi saint Louis, et ces impératrices de l’Inde qui, telle la belle Nour-Mahal, font frapper des monnaies à leur effigie, démontre que ni le patriotisme ni les aptitudes politiques ne furent absolument desséchés parmi les sectatrices de Mahomet. Il est évident cependant que, dans l’ensemble, la musulmane fut moins libre et moins instruite que ses sœurs d’Occident.

La première féministe chinoise. — C’est à la Chine que pourrait s’appliquer — à la lettre — la parole du vieux Caton : « Jamais ne prend fin la servitude féminine. » Une fille vient au monde, et c’est, pour la famille, jour de deuil. « On reste trois jours, dit une femme de lettres chinoise, sans même