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mes de Bohême comparant son gouvernement à celui de ses prédécesseurs, se jugèrent, mieux que les hommes, dignes de commander. Et elles se déterminèrent à imposer au sexe fort la reconnaissance de leur égalité dans l’État.

La belle Wlasta, l’Amazone au sein nu, fut leur chef : elle s’était acquis une gloire éclatante en repoussant des frontières de Bohême les armées du duc des Francs, Charles Martel. Sous sa conduite, les femmes bohèmes prennent les armes et, pour échapper au joug masculin, se retirent en des forêts inaccessibles. Et là, comme leurs sœurs aînées les Amazones du Caucase et du Thermodon, elles s’endurcissent, par la chasse, aux futurs combats. Bientôt, en signe que la séparation d’avec les hommes ne sera pas provisoire, mais éternelle, elles élèvent, sur un rocher hautain, une ville : Drewin, la Cité des Vierges… et, farouchement retranchées derrière leurs murailles, tenant bonne garde aux confins de leurs domaines, elles en interdisent jalousement l’accès au sexe masculin. Sous le sage gouvernement de la glorieuse Wlasta, nouvelle Antiope, les Amazones vécurent quelque temps heureuses. Des mois, des années ? La légende ne le dit pas. Mais le départ de toute la fleur féminine avait jeté la désolation au royaume tchèque. Privés d’amour, les jeunes guerriers languissaient. Et ils résolurent bientôt de reconquérir, par la force ou la ruse, le royaume des Vierges où brillait, Toison d’Or, la fauve chevelure de Wlasta, la plus belle comme la plus sage et la plus courageuse.

En face de la colline où Drewin s’était élevée, les guerriers édifièrent Wisegrad.